L’équipementier en télécommunication espère sortir de la crise grâce à un vaste programme de réorganisation.
« Retrouver un avenir industriel durable ». Michel Combes, directeur général d’Alcatel-Lucent, sait bien que son entreprise va mal. Avec une perte nette de 1.3 milliards d’euros en 2012, le groupe franco-américain est au pied du mur. Et son DG peut bien parler de « plan industriel » et de « se repositionner comme spécialiste des réseaux IP », Shift est bel et bien un plan de restructuration visant à faire des économies. En première ligne, les emplois sont touchés de plein fouet. Sur les 10 000 suppressions de postes dans le monde, 900 devraient être supprimés dès 2014 en France, soit 10% des effectifs, et autant de personnes seront concernées par des mesures de reconversion. « Les choix stratégiques que nous avons faits sont validés par nos clients. Pour réaliser ce plan nous devons prendre des décisions difficiles et nous le ferons dans un dialogue ouvert et transparent avec nos salariés et leurs représentants. L’enjeu du plan Shift est que l’entreprise retrouve la maitrise de son destin.» déclare Michel Combes, conscient des sacrifices.
Le plan Shift prévoit une réduction des coûts fixes d’un milliard d’euros d’ici 2015. Pour y arriver, les dépenses sur les technologies de fin de vie seront réduites de 60% et les fonctions support, administratives et commerciales en ligne seront réduites. En parallèle, le plan Shift vise à rééchelonner la dette de l’entreprise de deux milliards en deux ans.
L’accent sera mis sur la recherche qui représentera 85% des dépenses contre 65% aujourd’hui. Pour changer son image de groupe généraliste en spécialiste, Alcatel-Lucent s’appuie sur ses Bell Labs et la R&D va se recentrer sur la 4G, les réseaux IP, le Cloud et l’accès très haut débit. Michel Combes estime essentiel d’apparaître comme le « spécialiste industriel des réseaux IP (sur internet) et de l’accès très haut-débit mobile et fixe, deux activités essentielles aux réseaux de nouvelle génération».
Un plan de grande ampleur pour un groupe en difficulté. Mais Shift ne fait pas l’unanimité. Les syndicats l’ont bien fait comprendre en dénonçant les licenciements. De son côté, l’Etat ménage la chèvre et le chou, comme à son habitude. Actionnaire de 3.6% du capital, il soutient le plan mais face à la grogne populaire a déclaré par la voix de Jean-Marc Ayrault pouvoir refuser d’agréer le plan social. Le Premier Ministre s’appuie sur la nouvelle loi du 14 juin 2013 sur la sécurisation de l’emploi qui prévoit que tout accord collectif par un accord collectif majoritaire négocié entre la direction d’une entreprise et les syndicats ou, à défaut, par une homologation du plan social par l’administration.
De son côté, Fleur Pellerin, ministre déléguée à l’économie numérique, appelle les opérateurs français, Orange, SFR, Bouygues et Free à se montrer solidaires en favorisant les solutions Alcatel-Lucent. Un appel ouvert à jouer la carte du protectionnisme…
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique
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