Un « compteur Linky » du déchet. C’est, en substance, ce qu’a mis au point la start-up toulousaine Akanthas, créée en 2021. « Notre objectif était de digitaliser la production de déchets. La solution que nous avons développée permet ainsi de monitorer tout ce qui est déposé dans une benne. Comme on pourrait le faire avec un compteur connecté pour l’électricité, l’eau ou le gaz, nous venons capturer l’information, mais aussi la transformer et l’analyser afin de permettre aux acteurs du secteur de prendre les meilleures décisions possibles », résume Viviana Contreras Moreno, CEO et co-fondatrice d’Akanthas.
Un capteur connecté
La solution repose ainsi sur un capteur intelligent – et autonome – permettant aux exploitants d’installations de production, de collecte ou de traitement des déchets d’obtenir des informations telles que le taux de remplissage de leurs bennes, la nature des déchets qui y sont déposés, ou encore la présence éventuelle d’éléments indésirables. Un capteur développé par la start-up elle-même, comme le souligne Viviana Contreras Moreno : « En testant, au départ, un matériel disponible sur étagère, nous nous sommes très vite rendu compte qu’il était limitant, notamment sur le plan de l’efficacité énergétique. Nous avons donc conçu notre propre capteur ».
Des performances déjà élevées, et en constante progression
Le dispositif atteint une précision d’environ 90 % en ce qui concerne la mesure du taux de remplissage des bennes. La reconnaissance des matières reste quant à elle en phase de calibration, comme l’explique la co-fondatrice de l’entreprise : « les performances du système dans ce domaine s’enrichissent au fil du déploiement de la solution auprès de différents clients. Le capteur détecte déjà les principales familles de déchets, mais il reste une marge de progression ». La jeune pousse toulousaine s’est ainsi tournée vers IFP Énergies nouvelles (IFPEN), un acteur majeur de la recherche dans les domaines de l’énergie, du transport et de l’environnement. L’ex-Institut français du pétrole a en effet développé une expertise toute particulière dans le domaine de l’IA et du traitement d’image ; expertise qu’IFPEN va donc mettre à disposition d’Akanthas dans le cadre de son dispositif de soutien à l’innovation des PME et startups. « Cet accompagnement est un réel avantage pour nous, puisqu’il nous permet d’accélérer nos développements autour de l’IA et de l’élargissement des types de matériaux détectés », explique Viviana Contreras Moreno.
Après le bois, le carton ou encore le plastique, la start-up travaille ainsi à la détection de déchets plus spécifiques tels que les isolants ou les plaques de plâtre. De quoi élargir la palette des secteurs auxquels sa solution se destine. « Nous avons une approche sectorielle. Nous travaillons aussi bien avec les producteurs de déchets professionnels, comme le secteur de la manufacture, de l’agroalimentaire, de la construction… qu’avec des opérateurs de gestion des déchets, c’est à dire des collecteurs et recycleurs qui prennent en charge ces déchets pour les valoriser », détaille Viviana Contreras Moreno. Un an après sa création et le déploiement de ses premiers pilotes, l’entreprise compte ainsi déjà six clients. « Nous espérons, d’ici la fin de l’année, dépasser les dix clients, ce qui devrait impliquer le monitoring de deux à trois cents contenants », dévoile la CEO d’Akanthas.
Une offre sur abonnement
Côté modèle économique, Akanthas mise sur l’abonnement, évitant à ses clients des investissements au niveau matériel. La start-up propose ainsi un forfait mensuel incluant le capteur ainsi que les services d’analyse des données qui lui sont associés. Un abonnement qui comprend également les opérations de maintenance nécessaires au bon fonctionnement de la solution, et dont le montant varie en fonction du nombre de bennes ou d’alvéoles de stockage de déchets équipées. « Nous offrons une solution clé en main, très personnalisable en fonction des besoins spécifiques du client », souligne Viviana Contreras Moreno.
Et outre cet abonnement mensuel, Akanthas propose une offre d’accompagnement plus ponctuelle, comme le détaille sa co-fondatrice : « Nous travaillons aussi en mode diagnostic. Cela s’étale en général sur huit semaines, au cours desquelles nous venons installer le matériel puis monitorer l’activité afin d’identifier ce qui ne va pas et émettre ainsi, grâce à notre système et son IA, des recommandations d’actions concrètes. Cela permet de conseiller les acteurs sur les meilleures pratiques, les actions les plus pertinentes à mettre en place sur le terrain ».
Convaincue que les déchets constituent une ressource loin d’être exploitée à 100 %, la dirigeante de la start-up compte ainsi, avec sa solution, agir directement à la source pour les valoriser au mieux. « Une benne sur deux partant des sites industriels et des chantiers voit une partie de son contenu enfouie ou incinérée alors qu’il y a des déchets valorisables à l’intérieur », affirme Viviana Contreras Moreno, soulignant les conséquences financières, mais aussi environnementales que cela engendre. « Nous venons agir à la fois sur la partie financière, opérationnelle, mais aussi environnementale, en permettant le développement de démarches plus durables, intégrées dans l’économie circulaire », conclut la co-fondatrice d’Akanthas.
De quoi « ôter une épine du pied » des acteurs du déchet… « Les déchets sont souvent vus comme tels par l’ensemble des parties prenantes. Notre objectif est donc de venir enlever cette “épine”, d’où le nom de l’entreprise, Akanthas, qui en est la traduction grecque », glisse finalement la dirigeante de la jeune entreprise dont le logo n’est autre qu’un hibou au regard perçant. Un autre symbole utilisé cette fois comme métaphore des performances de son capteur en matière de vision.
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