Airbus a révélé être capable de produire de l'oxygène et des métaux à partir du régolithe lunaire. L'opération est possible par le procédé ROXY, développé en laboratoire par une équipe internationale de chercheurs dirigée par les ingénieurs d'Airbus Defence & Space, à Friedrichshafen, en Allemagne.
Produire de l’oxygène et des métaux à partir de poussière lunaire semble désormais possible. Le 27 octobre, Airbus a affirmé avoir mis au point un procédé nommé ROXY (« Regolith to OXYgen and Metals Conversion », soit « conversion du régolithe en oxygène et en métaux »). Actuellement en cours de brevetage, il permet d’extraire de l’oxygène et des métaux du régolithe présent à la surface de la Lune. Sa conception est le fruit d’une collaboration internationale entre des scientifiques de l’Institut Fraunhofer IFAM (Dresde, Allemagne), de l’Université de Boston (Massachusetts, États-Unis), et d’Abengoa Innovación (Séville, Espagne). Les travaux, dirigés par les ingénieurs d’Airbus Defence & Space, ont duré deux ans et ont été réalisés dans un laboratoire de Fraunhofer IFAM, à partir de régolithe simulé.
« Repousser les limites de l’exploration future »
« ROXY est la preuve que la collaboration entre l’industrie et des scientifiques de renommée mondiale peut apporter d’énormes avantages tangibles qui continueront à repousser les limites de l’exploration future », déclare dans un communiqué Jean-Marc Nasr, directeur d’Airbus Space Systems. « Cette prouesse est un grand pas en avant, qui nous rapproche du Graal : la présence durable sur la Lune », ajoute-t-il. Le géant mondial de l’aéronautique estime que cette avancée pourra prochainement ouvrir la voie à un nouveau type d’exploration spatiale habitée.
« Nous avons cherché une solution économiquement pertinente, qui éviterait de devoir apporter sur la Lune tout l’oxygène nécessaire aux astronautes pour leurs voyages sur la Lune », explique Eugenio Ferreira, responsable R&D Space Exploration chez Airbus. La société affirme qu’à l’exception d’un réacteur, aucune ressource venue de la Terre (ni matériaux, ni consommables) ne sera nécessaire. Le dispositif ROXY a été spécialement conçu dans le but de pouvoir être transporté facilement jusqu’à la Lune. Cela éviterait ainsi de devoir transporter tout l’oxygène nécessaire aux spationautes depuis la Terre lors de futures missions spatiales.
Un procédé conçu pour le vide lunaire
Pour mettre au point ce procédé d’extraction de l’oxygène et des métaux de la poussière lunaire, Airbus a adapté les pratiques employées sur Terre à l’environnement lunaire. « On a développé un procédé qui pouvait être développé dans le vide, et qui diffère un peu de ce qui est connu dans la communauté scientifique », explique Eugenio Ferreira. Ce dernier explique que dans le cadre terrestre, l’intérêt de ce type d’opération est principalement d’extraire des métaux de leur état oxydé, les minerais, car « nous ne manquons pas d’oxygène sur notre planète ». Ainsi, la production d’oxygène apparaissait comme secondaire. Or, dans le cadre du développement de ROXY, c’est justement cet objectif qui a été mis au cœur des travaux des ingénieurs.
Airbus imagine également que ROXY pourra être placé au centre d’une chaîne de valeur intégrée utilisant la fabrication additive pour produire une large gamme de produits « Made on the Moon ». La société indique que ces produits pourraient comprendre des métaux, des alliages, ou encore de l’oxygène. Les ingénieurs travaillant sur le projet évoquent la possibilité de créer un carburant pour fusée en combinant de la glace lunaire et la poudre métallique produite par ROXY. Airbus espère que ROXY pourra être déployé dans l’environnement lunaire dans les prochaines années. « Nous prévoyons de pouvoir industrialiser le processus avant la fin de la décennie », confirme Eugenio Ferreira.
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