Aujourd’hui, sur le continent africain, près de 4 personnes sur cinq possèdent un téléphone portable. Avec près de 725 millions d’utilisateurs de téléphonie mobile, le continent affiche la plus forte croissance au monde sur ce créneau. Ces chiffres-là étaient inimaginables il y a seulement 20 ans, lorsque les accès à internet sur le continent étaient peu nombreux, et les disparités en termes d’accès au réseau entre les pays très importantes. Au-delà de cet exemple, les nouvelles technologies dans leur ensemble se déclinent aujourd’hui sur le continent, et laissent imaginer un continent à la pointe de l’innovation dans un futur proche.
Pourquoi ce changement ? La principale raison est spécifique au continent. Des mécanismes d’innovations variés et souvent immatures ont laissé la place à une vision très pragmatique du rôle que devait avoir l’innovation sur le continent : répondre aux problématiques spécifiques des Africains, localement.
Ainsi, les startups à succès, les initiatives technologiques sur le continent se multiplient comme jamais auparavant. D’après l’ONU, la crise sanitaire que le monde traverse actuellement a encore accéléré ce phénomène, avec la nécessité pour les acteurs publiques et privés de partager des données, au niveau high tech et santé, pour développer des stratégies sanitaires efficaces. L’Afrique a, face à la pandémie de Covid-19, montré sa capacité à innover rapidement pour répondre à des problématiques contextuelles.
L’innovation comme moteur du développement
L’image d’un continent africain où l’Europe importait le progrès est révolue. Aujourd’hui les acteurs industriels et technologiques ont compris que le développement du continent, à court comme à moyen termes, passait par l’innovation technologique, et plus largement par l’innovation scientifique.
Cette évolution est une nécessité pour Thierry Zomahoun, fondateur du Next Einstein Forum , qui s’est confié au Point : « L’Afrique n’a pas le choix. Au XXIe siècle, les nations et les pays seront jugés, non pas par rapport à leurs richesses naturelles ou à leurs ressources dans le sous-sol, mais à leur capacité d’innovation ». Sur ce point, l’Afrique a fait un bond en avant immense, même si des contraintes fortes demeurent selon Thierry Zomahoun : « La coopération et l’intégration scientifique sont à une étape embryonnaire. Aujourd’hui, la balkanisation de nos pays est un frein à l’émergence d’un pôle scientifique et technologique africain d’importance. Plus que jamais, le mot « collaboration » fait sens. En Afrique, elle peut être mise en œuvre à l’intérieur d’une même région ou entre plusieurs régions. »
En effet, si l’innovation de pointe en Afrique est aujourd’hui une réalité, comme en témoigne la réussite au plus haut niveau de certaines startups, le continent doit plus que jamais parvenir à développer des écosystèmes scientifiques de recherche et d’enseignement performants, pour y intégrer sa jeunesse, peut-être le plus gros atout du continent. En effet, en 2035, 35% des jeunes dans le monde seront africains. Il est donc impératif pour le continent de développer des filières innovantes sur le long terme, pour créer les emplois pour la génération qui arrive.
La technologie, un atout pour remédier aux contraintes de développement spécifiques au continent
La transformation qui s’opère en Afrique aujourd’hui touche toutes les couches du continent, notamment la couche sociale. Ces évolutions peuvent même dans certains cas s’attaquer aux freins de développement qui ont longtemps rongé le continent : insécurité, fraude, corruption, accès aux soins, productivité de l’agriculture… Sur tous ces sujets, l’essor des technologies de pointe – la blockchain, le big data, les drones, les fintechs… – sur le continent permet de chercher des solutions prometteuses à ces contraintes systémiques. Le rapport de PWC, intitulé Afrique 3.0, précise les six axes principaux sur lesquels les technologies permettraient un basculement :
- Efficacité des pouvoirs publics ;
- Lutte contre la corruption ;
- Accès aux marchés et interactions économiques ;
- Amélioration du système de santé ;
- Éducation, innovation et création d’emplois ;
- Réintégration du secteur informel dans les circuits économiques traditionnels.
Ces axes d’améliorations, qui sont connus depuis longtemps, se transforment aujourd’hui grâce aux nouvelles technologies. L’enjeu aujourd’hui est donc de voir à quel point ces mutations vont s’ancrer sur le long terme dans une société africaine qui poursuit sa mutation.
Cet article se trouve dans le dossier :
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