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L’aéronautique, secteur stratégique de l’économie française

Posté le 18 juin 2019
par Pierre Thouverez
dans Entreprises et marchés

Alors que l’industrie française perd en compétitivité dans de nombreux secteurs, l’aéronautique garde une place à part. En effet les exportations aéronautiques, qui représentent environ 3% du PIB - record mondial - totalisent près de 12% des exportations de biens. D’où l’importance du salon du Bourget pour les entreprises françaises du secteur.

Le secteur aéronautique français se porte bien. Totalisant 12% des exportations de biens l’an dernier – environ 55 milliards d’euros – il est avec le luxe le fleuron de l’économie française. Et ce n’est pas un hasard. Notamment quand on possède un bijou comme Airbus.

D’ailleurs, la commande de quelques 347 airbus l’an dernier pour un total de 28,3 milliards d’euros pèse lourd dans la balance.

Un atout qui révèle aussi une fragilité du secteur. Son hyper dépendance aux performances de son grand champion du transport aérien, qui draine derrière lui tout un écosystème de start-ups.

Un dernier chiffre illustre bien l’importance des secteurs aéronautique et spatial pour l’économie française: en 2018, ils dégageaient à eux deux un excédent commercial de 27,1 milliards d’euros, en hausse de 14% par rapport à l’année précédente… Et surtout une rareté, puisque le bilan au niveau national est négatif à hauteur de 60 millions d’euros tous secteurs confondus.

Eric Trappier est le président du GIFAS (Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales). Selon lui, le salon du Bourget est un avantage certain pour les acteurs tricolores de la filière : «Le salon s’inscrit au coeur même de l’évolution du marché mondial aéronautique et de l’espace, dont il est devenu le lieu de rencontre privilégié. L’édition 2019 est pleine de promesses, et reflète bien le dynamisme d’une industrie qui poursuit son expansion et qui prépare d’ores et déjà l’aviation du futur».

Des défis à venir pour le secteur

Les chiffres montrent qu’il ne s’agit pas d’un discours de façade. Alors comment faire aujourd’hui, alors que l’industrie est bouleversée par les mutations technologiques et numériques, pour poursuivre la success story de l’aéronautique et du spatial français ?

On peut dégager trois facteurs qui à différents niveaux vont impacter la filière aéronautique française. D’abord, l’innovation, bien sûr. Le salon du Bourget en est la parfaite illustration, pour rester concurrentiel sur le marché aéronautique il faut présenter des produits innovants régulièrement.

Deuxième point, l’opinion publique. Alors que la taxe sur le kérosène vient d’être abandonnée, la filière aéronautique n’en est pas moins montrée du doigt. Le secteur du transport aérien, extrêmement polluant, fait aujourd’hui l’objet d’un rejet croissant. La proposition de loi du député Ruffin proposant d’interdire l’avion sur les trajets courts si une alternative (train, bus) existe le montre. La filière le sait. Si l’aviation commerciale ne passera pas de si tôt à l’électrique, la nécessité d’innover sur la question du poids des appareils, de leur consommation, et donc du bilan global du secteur en termes de pollution atmosphérique est là.

Implémenter l’usine du futur

Enfin, dernier point, le futur. Et le futur de l’industrie, c’est l’usine connectée et numérique. La transition a déjà commencé, et le nombre important d’exposants présents au salon sur ce domaine particulier témoigne du virage pris par l’industrie aéronautique mais également spatiale. L’impression 3D notamment, permet d’envisager le rôle de la supply chain de manière innovante, plus intégré et responsable dans l’ensemble des process amont et aval de la production.

En termes d’emploi, la filière évoque l’objectif de recruter aux postes de techniciens, d’ouvriers et d’ingénieurs 15 000 jeunes en 2019. Dans un contexte où le secteur peine à recruter à cause du manque de profils spécialisés, l’aubaine de voir les carnets de commandes des industriels remplis cache une fragilité. Les difficultés récurrentes des entreprises face à la pénurie de profils spécialisés pose en un problème de formation qu’il faudra prendre en compte dans les années qui viennent. Sous peine de ne plus pouvoir subvenir à nos propres besoins en ingénierie.


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