La filière éolienne contribue aujourd’hui de façon significative à la croissance du mix renouvelable français, représentant 3,9% de la production totale d’électricité et un parc installé d'une puissance de 11,8 gigawatts, fin 2016. Dans un nouveau rapport, l'ADEME souligne son importance pour le tissu économique français.
En 2015, quelques 600 entreprises étaient impliquées dans la filière éolienne française. Le marché de l’investissement dans de nouveaux parcs est estimé à 1,3 milliards d’euros, pour un marché de l’exploitation-maintenance de 475 millions d’euros, selon un nouveau rapport de l’ADEME. Ces entreprises importent pour 685 millions d’euros, principalement des turbines et des composants. À l’opposé, la vente d’électricité rapporte 1,87 milliards d’euros. Et ces entreprises réalisent 663 millions d’euros de chiffres d’affaires pour l’exportation, principalement dans la fabrication de composants.
En 2015, la filière représentait 18.000 emplois équivalent temps plein (ETP), qu’ils soient directs ou indirects. Soit 18 ETP par mégawatt (MW) installé. C’est mieux qu’au Brésil (15), mais très loin de l’Allemagne (30). L’ADEME explique cette différence notamment par l’absence d’un important fabricant de turbines en éolien terrestre de plus de 1 MW sur le territoire français. Toutefois, l’ADEME note des « signes encourageants ». Le ratio est passé de 7 à 11 ETP directs par MW entre 2007 et 2015. Par ailleurs, l’essor de l’éolien en mer dynamise l’emploi dans les zones côtières, avec l’installation de grands turbiniers et fabricants de composants étrangers. Sans oublier le développement d’un marché pour la gestion de la fin de vie qui devrait être générateur de nombreux emplois pour la filière. Ainsi, les projections de l’ADEME montrent que cette dernière pourrait représenter entre 40.000 et 75.000 ETP en 2035, hors exportation. Et entre 60.000 et 93.000 ETP directs et indirects en 2050.
L’éolien, au service de la transition écologique
« Une analyse des données historiques disponibles montre que l’électricité éolienne se substitue à la production des centrales nucléaires et au gaz, charbon ou fioul », note l’ADEME. Elle contribue ainsi à l’indépendance énergétique française et à atteindre les engagements de diminution des émissions de gaz à effet de serre de la France. En effet, entre 2002 et 2015, le développement de l’éolien a évité l’émission de près de 63 millions de tonnes de CO2 équivalent. Pour l’année 2014, l’éolien a même représenté environ 9% de l’effort national de réduction par rapport à 1990.
Mais ce n’est pas tout. Le développement de l’éolien a permis d’éviter de façon significative les émissions de polluants atmosphériques tels que le SO2, les NOx ou encore les particules fines. « En 2013, les émissions évitées de SO2 et NOx représentaient ainsi de l’ordre de 22% à 37% du total des émissions de SO2 et NOx du secteur de production d’électricité », précise l’ADEME. L’éolien a aussi permis de réduire les risques d’accidents industriels, les risques liés à la gestion des déchets radioactifs et les risques financiers liés à la volatilité des prix du carbone et des énergies fossiles.
Des gains supérieurs aux dépenses
Jusqu’en 2010, la politique de soutien à l’éolien n’a pas eu beaucoup d’effet sur la facture d’électricité des ménages. Celle-ci a augmenté à partir de 2011 mais l’impact reste limité : la part de la CSPE attribuable à l’éolien représente environ 2,9 % de leur facture. Entre 2002 et 2013, le coût complet de la politique de soutien à l’éolien est évalué à 3,2 milliards d’euros. En face, les bénéfices environnementaux énoncés précédemment sont monétarisés entre 3,1 et 8,8 milliards d’euros sur la même période. Les bénéfices environnementaux sont donc à la hauteur, voire supérieurs, aux coûts associés au dispositif de soutien.
Accélérer le développement de l’éolien
Malgré tous ces avantages, la moitié des projets éoliens ont fait l’objet de recours entre 2012 et 2014. Les retards induits ont pu dépasser trois ans. « La fixation des objectifs et l’élaboration du cadre réglementaire n’ont pas suffisamment anticipé les difficultés qui allaient se présenter en termes de conflits d’usages, d’intégration locale, de prise en compte des impacts environnementaux et d’aménagement du réseau », analyse l’ADEME. Résultat : sur la période 2004-2015, les objectifs successifs n’ont pas été atteints. Le rythme moyen d’installation d’éoien terrestre et en mer aurait dû s’élever à 1.580 MW/an, alors que le rythme moyen réel a été de 840 MW/an. L’ADEME plaide donc pour une implication croissante des parties prenantes pour intégrer localement les projets, une simplification accrue du cadre réglementaire et une rationalisation des procédures.
Pour atteindre les objectis de la Programmation Pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour 2023, le rythme d’installation doit encore s’accélérer. En effet, il faudra installer entre 1.400 et 2.000 MW d’éolien sur 2017 et les six prochaines années. Contre un rythme annuel de 1.150 MW sur les dernières années. Il faudra à nouveau dépasser le record de 2016 qui s’élevait à 1.345 MW.
L’ADEME a identié plusieurs innovations techonologiques et des leviers logistiques et financiers pour réduire les coûts. L’agence estime qu’ils pourraient donc atteindre 42 €/MWh à terre, 54 €/MWh en mer pour les éoliennes posées et 62 €/MWh en flottant sur une durée de vie de 30 ans. « À cet horizon, l’éolien serait donc l’une des technologies au coût de production unitaire le plus faible », prévoit l’agence. Et l’éolien serait même compétitif sans mécanisme de soutien.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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