AddUp, la coentreprise Michelin/Fives, accompagne les industriels qui lancent un projet de fabrication additive métallique. Pour ce faire, l’entreprise rachète des spécialistes et s’investit sur l’ensemble de la filière française, jouant un rôle moteur et fédérateur.
AddUp est une coentreprise détenue à 50 % par Michelin et 50 % par Fives, un groupe d’ingénierie industrielle qui conçoit et réalise des machines, équipements, lignes de production pour l’industrie et qui comptait en 2017 près de 9000 collaborateurs dans une trentaine de pays pour un chiffre d’affaires de 1,9 Md€.
Née en avril 2016, sous le nom de Fives Michelin Additive Solutions, AddUp a depuis grandi en rachetant des entreprises françaises aux technologies ou marchés complémentaires. Avec un objectif affiché à sa création de capter 10 % du marché mondial des équipements de fabrication additive métallique, AddUp se donne les moyens de son ambition en ouvrant des bureaux à l’international (Etats-Unis, Europe etc), en étoffant son offre de services régulièrement et en multipliant les partenariats de recherches et développement.
Une croissance externe pour une offre multi-technologie
La nouvelle entreprise s’appuie sur l’expérience, le réseau et les ressources de deux grands groupes industriels internationaux. Michelin fait partie des industriels pionniers en matière de fabrication additive et a lancé ses premières recherches dans les années 2000. Petit à petit le fabricant de pneus a développé ses propres solutions à partir de la technologie de fusion laser sur lit de poudre. La production de pièces de moules en 3D a permis d’innover avec par exemple le lancement des pneus CrossClimate en Europe. Dès 2017, Michelin a produit plus d’un million de pièces en fabrication additive pour ses pneus dans plusieurs ateliers dans le monde. AddUp constitue une manière de valoriser son savoir-faire et ses machines (gamme FormUp).
De son côté, Fives cherchait aussi à se positionner sur ces nouvelles technologies. En 2010, le groupe d’ingénierie a fabriqué la première machine à technologie LMD (Laser Metal Deposition – il s’agit de faire fondre des poudres métalliques par laser avant de les déposer de manière contrôlée) pour l’IREPA Laser. Cette technologie brevetée sous le nom de CLAD® qui fait partie de la famille des technologies de dépôt par énergie dirigée (DED) est notamment commercialisée par la société BeAM, que AddUp a acquis en 2018. Pour compléter son offre technologique, AddUp a aussi acquis en 2017 la start-up 3A (Applications Additives Avancées) qui s’est développée sur la technologie de fusion par faisceau d’électrons et a notamment travaillé avec Dassault.
En 2018, AddUp a conforté son offre globale en prenant une participation majoritaire dans une autre entreprise française, Poly-Shape. Cette dernière, créée en 2007, propose aux industriels des services de sous-traitance de la conception à la production de pièces en fabrication additive tous matériaux. Elle apporte à AddUp le plus grand parc machine français, une forte expérience en conseil et accompagnement et une filiale en Italie spécialisée dans l’automobile.
Le credo de l’offre globale
Parce que la fabrication additive métallique industrielle est encore complexe à maîtriser, parce qu’elle coûte cher, parce qu’elle nécessite du temps et des ressources, AddUp a d’emblée fait le choix de proposer une offre globale à ses clients pour qu’ils puissent accéder à la fabrication additive métallique plus facilement. L’offre AddUp s’articule autour de trois pôles : formation et consulting ; accompagnement de projet (validation des choix de matériaux, machines etc jusqu’à la preuve de concept) ; production (avec différents systèmes de machines à l’achat, location, mobile etc).
AddUp se propose donc de prendre par la main l’industriel qui veut lancer un projet de fabrication additive métallique du début à la fin. Ce modèle semble être une des clés du développement du secteur et les nombreux partenariats, fusions, alliances et autres formes de coopérations que l’on voit apparaître depuis 2-3 ans montrent que les fournisseurs de matériaux, d’équipements ou d’autres services ont besoin de proposer des offres clés en main pour mieux capter leurs clients. C’est une forme de consolidation du secteur qui devrait s’accélérer et vers laquelle les grands industriels classiques s’orientent déjà à l’image de General Electrics qui a racheté en 2018 le fabricant de machines de fusion par faisceau d’électrons suédois Arcam et sa filiale canadienne de fabrication de poudres (AP&C). Il avait déjà acquis en 2016 le spécialiste allemand de la fusion laser Concept Laser.
Dans cet esprit, AddUp veut créer un véritable réseau entre les différents acteurs autour de ses machines et de ses technologies. Baptisé AddUp Community, ce réseau se structure pour le moment autour d’un label de qualité accordé par AddUp aux utilisateurs de ses machines qui remplissent un certain nombre de critères de qualité. Ces utilisateurs peuvent bénéficier de formations techniques, de conseils HSE et sont référencés et mis en avant auprès des clients recrutés par le réseau international d’AddUp.
Information et formation : deux pré-requis pour le marché
Parmi les services proposés par AddUp, la formation et l’information sont deux piliers. L’offre de formation d’AddUp est désormais soutenue par une plateforme de « digital learning » qui s’adresse aux industriels et aux universitaires. Présentée officiellement en juin 2019, AddUp Academy Online répond à plusieurs objectifs : une démarche d’information pour expliquer les technologies et les possibilités qu’elles offrent à tous ceux qui s’y intéressent via un parcours de découverte gratuit de près de 2h. Elle répond aussi à un véritable objectif de formation visant une réelle montée en compétences et couvre « tous les aspects depuis les matières premières jusqu’aux contrôles qualité en passant par les aspects économiques, organisationnels, de gestion des compétences, de sécurité et d’environnement » précise Frédéric Parisot, ingénieur formation chez AddUp. Cette formation est modulable selon le public visé dans l’entreprise et représente jusqu’à plus de 8h de contenu. Elle a aussi été déclinée avec des options adaptées au monde académique (création de classe virtuelle, mode « classique » d’apprentissage ou mode « examen »…) ainsi que sous la forme d’un serious game baptisé AddUp Adventure. Sur cette base, AddUp a aussi annoncé l’arrivée de contenus additionnels grâce à des partenariats avec des centres techniques ou des industriels référents dans leur secteur.
La R&D au coeur du projet
Recherche et développement sont au coeur du projet d’AddUp qui espère, en investissant massivement, rester à la pointe des évolutions technologiques et pouvoir tirer rapidement profit des augmentations de productivité et de qualité qui restent encore attendues dans ces technologies. Dès sa création, AddUp anime donc le consortium SoFIA (Solutions pour la Fabrication Industrielle Additive métallique) qui est composé de 7 entreprises et 9 laboratoires de recherche français autour de l’impression 3D métallique.
SoFIA vise à réduire le coût de fabrication des pièces, améliorer leur robustesse, faciliter l’exploitation des machines dans leur environnement, garantir le respect des contraintes HSE et couvrir des recherches sur toute la chaîne de fabrication (poudres et matériaux, équipements et procédés, outils numériques).
D’autres collaborations sont régulièrement lancées. En juin dernier, Famergie (Fabrication additive métallique pour l’énergie), une plateforme technologique et un écosystème d’incubation pour les projets de fabrication additive dédiés au secteur de l’énergie (composants de turbines, réacteurs catalytiques,
génie électrique etc.) a été créée avec le CEA. Les installations sont accueillies à Grenoble sur le site du CEA-Liten. La collaboration entre Poly-Shape et l’Onera au sein du Lab NAFA (Nouveaux alliages
dédiés fabrication additive) a aussi été annoncée et a pour objectif d’améliorer la composition de certains superalliages pour leur utilisation en fabrication additive.
Au fur et à mesure de son développement, AddUp ajoute ainsi de nouvelles pierres à son édifice et est en train de construire autour d’elle un véritable environnement français de la fabrication additive métallique.
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