Le gouvernement prépare son plan d'adaptation au changement climatique, prenant en compte le scénario d’un réchauffement hexagonal de 4°C. Alors que l’État demande aux entreprises des transports et de l'énergie le développement de plans d'adaptation pour mieux anticiper les risques, l’Ademe publie un guide pour les accompagner.
La France prépare son troisième plan national d’adaptation au changement climatique qui devrait être présenté d’ici l’été. Dans cette perspective, les ministres de l’Économie et de la Transition écologique, Bruno Le Maire et Christophe Béchu, ont demandé, début février, à toutes les grandes entreprises essentielles pour le fonctionnement des systèmes énergétiques et de transport « un plan d’adaptation au réchauffement climatique pour assurer que ces équipements vitaux résistent aux fortes chaleurs, inondations, tempêtes et sécheresses ».
Afin d’accélérer l’adaptation des entreprises au changement climatique, l’État leur accordera deux milliards d’euros de prêts verts. Car Christophe Béchu l’assure : « Acteurs de notre économie, les entreprises et les travailleurs sont en première ligne de l’adaptation au changement climatique. […] Acteurs de notre économie, ils doivent aussi être acteurs de notre écologie. »
Les canicules, la répartition des pluies sur l’année ou les sécheresses sont autant d’éléments qui ont déjà des impacts sur l’activité des entreprises. Les plans d’adaptation devront notamment permettre d’identifier les vulnérabilités qui menaceront les installations afin de prévenir et gérer les risques physiques. Il s’agit aussi de faire évoluer les opérations (continuité d’activité, maintenance, organisation du travail…), développer la résilience des chaînes d’approvisionnement et de distribution. Ces plans devront aussi permettre de développer des solutions technologiques pour améliorer l’adaptation.
S’appuyer sur les retours d’expériences
Afin d’aider les entreprises à préparer leur adaptation, l’Ademe lance en partenariat avec l’association EpE et le ministère de la Transition écologique le guide « En entreprise, comment s’engager dans un parcours d’adaptation au changement climatique ? ». S’appuyant sur les retours d’expériences de 30 entreprises françaises déjà engagées dans cette démarche, il présente les différentes étapes à suivre, du diagnostic à l’évaluation, illustrées par des actions et des stratégies.
« La première étape pour les entreprises, c’est le diagnostic de vulnérabilité » explique François Boisleux, coordinateur adaptation au changement climatique à la Direction Adaptation Aménagement et Trajectoire Bas Carbone (DAAT) de l’Ademe. Le parcours complet comporte ainsi les étapes de diagnostic, de stratégie, de suivi et d’évaluation. Le parcours partiel résulte quant à lui de réactions à des événements spécifiques conduisant à la mise en place d’actions ponctuelles et leur évaluation en vue d’une optimisation à court terme. Il ne comporte pas de perspective stratégique et ne représente donc pas un objectif final en soi.
L’Ademe partage par exemple l’adaptation de la Compagnie nationale du Rhône qui met en œuvre des Solutions d’Adaptation fondées sur la Nature (SafN) pour prévenir les risques d’inondations en améliorant les écoulements. À horizon 2055, selon les différents scénarios du GIEC, le débit d’étiage au sud de la Vallée du Rhône devrait diminuer de 20 %. Cela montre la nécessité de redistribuer équitablement la ressource en eau sur l’ensemble du fleuve.
Le guide partage par ailleurs l’exemple de Veolia. Le groupe a mis en place une équipe dédiée pour construire une stratégie globale d’adaptation, aux horizons 2030 et 2050, prenant en compte le scénario le plus pessimiste du GIEC. Cette stratégie sera ensuite déclinée sur les différents sites gérés pour ses clients. Un premier chiffrage évalue les impacts financiers à plusieurs dizaines de millions d’euros pour les impacts directs de l’augmentation des températures d’ici 2030, montrant l’importance de réaliser cet exercice.
Pour évaluer la stratégie d’adaptation de son entreprise, l’Ademe propose la méthode ACT Adaptation. Celle-ci se base sur trois dimensions : la gouvernance, les risques climatiques physiques, la capacité et les activités d’adaptation. L’Ademe résume ainsi son fonctionnement : « Chacune de ces dimensions est évaluée à l’aide d’une batterie d’indicateurs. Un système de notation permet ensuite de positionner l’entreprise au sein d’une matrice de maturité (allant de “basique” à “meilleure pratique”) et d’identifier ainsi les lacunes restant à combler. » Dans son guide, l’Ademe partage les résultats de cette méthode par Séché Environnement, la SNCF et Wordline, une fintech française de la sécurisation des paiements et des transactions.
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