Officiellement, le pays n’affiche que 28 sites en .kp, contre environ 3 millions de sites en .fr, le domaine français. Pas de quoi séduire ses quelque 25 millions d’habitants. Selon des statistiques de la Banque mondiale et de l’Union internationale des télécommunications, la République populaire démocratique de Corée est d’ailleurs le pays le moins connecté au monde.
Cette information n’aurait pas du « fuiter » en dehors des frontières. Mais un chercheur en sécurité a réussi à récupérer des informations sur les domaines existants en. Kp suite à une erreur. Un des serveurs nord-coréens a été accidentellement configuré pour accepter des visites depuis le monde (laissant des DNS mondiaux y pénétrer). Selon Wikipédia, le « Domain Name System (ou DNS, système de noms de domaine) est un service permettant de traduire un nom de domaine en informations de plusieurs types qui y sont associées, notamment en adresses IP de la machine portant ce nom ».
Cette découverte confirme que l’univers numérique nord-coréen est très petit, car très contrôlé. Seule une dizaine de sites sont en réalité accessibles via l’unique fournisseur d’accès du pays, Star Joint Venture Co ou Koryolink, le seul réseau 3G. Toutes les autres adresses web renvoient des messages d’erreur de « liens morts ».
Et leur contenu ne permet pas d’en savoir tellement plus sur la vie dans ce pays dirigé par Kim Jong-Un. On y trouve un site d’assurance, un autre proposant des recettes de cuisine, un clone de Facebook appelé friend.com.kp (le site du Rodong Sinmun (journal officiel du Parti des travailleurs de Corée qui dirige le pays) et plusieurs sites caritatifs.
Les sites web autorisés doivent répondre à des normes que l’on ne peut même pas imaginer en France. L’une des normes les oblige en effet à intégrer une ligne de code dans chaque page web afin de présenter le nom de Kim Jong-Un avec une police de caractères plus grosse…
Le contrôle et la surveillance de ces quelques sites sont d’autant plus faciles pour l’État que le parc informatique est lui aussi sous contrôle. Ainsi Pyongyang, la capitale, regroupe avec l’agglomération, près de quatre millions de personnes. Mais il n’y a qu’un seul cybercafé avec des ordinateurs fonctionnant non pas sous Windows, mais sous Red Star 3.0. Ce clone d’OS X est le seul système d’exploitation autorisé dans le pays, produit et contrôlé par le gouvernement… Et tous ces ordinateurs sont fabriqués par Morning Panda, une compagnie publique qui produit seulement une centaine d’ordinateurs par an.
Par Philippe Richard
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