À l'occasion de ce cahier spécial consacré aux logiciels, Techniques de l'Ingénieur a rencontré Marc Fiammante, architecte en chef des solutions logicielles IBM Europe. Membre de l'IBM Academy of Technology depuis 2003, il a publié plusieurs ouvrages dont « Dynamic SOA and BPM : Best Practices for Business Process Management and SOA Agility ».
Techniques de l’Ingénieur : Bonjour Marc Fiammante, pouvez-vous vous présenter ?
Marc Fiammante : Je suis directeur technique Europe de la partie logiciel IBM, côté développement. Je suis en charge des solutions logicielles et j’établis des relations avec les grands comptes pour définir les stratégies de solutions adaptées au contexte de leur métier.
En quoi consiste votre mission à IBM ?
Ma mission spécifique est d’établir une forte crédibilité technique avec les clients en s’assurant que les solutions qu’on fournit fonctionnent dans tous les contextes possibles.
Quels sont les critères de pertinence associés à la création de logiciel ?
Très en amont, nous faisons des analyses de marché qui vont pister les tendances technologiques trois ans en avance, voire plus. Ensuite, à plus court terme , nous allons procéder chaque année à des enquêtes globales de PDG, de directeurs informatiques, de directeurs marketing, de directeurs financiers et de directeurs des ressources humaines pour voir les besoins des entreprises et les tendances. Donc la pertinence d’un logiciel est d’abord définie par le besoin du marché ainsi que les conditions de rentabilité.
Quelles sont les structures mises en place au sein d’IBM pour l’élaboration des logiciels ?
Nous avons des laboratoires de développement qui sont répartis un peu partout dans le monde, que ce soit en Chine, en Inde, aux États-Unis ou en Europe. En France, nous avons le « France lab » qui comprend les personnes qui développent en particulier des éléments de la plateforme IBM Rational Jazz, les moteurs de règle et d’optimisation mathématique. Mais les développements sont gérés de manière globale et pour un même projet, divers axes peuvent être repartis entre entités autour du monde.
Et au sein de la R&D ?
Nous avons une entité qui s’appelle « IBM Research » qui existe spécifiquement pour la recherche en amont, une recherche très avancée. On va exposer certaines technologies logicielles au public sur un site qui s’appelle « Alphaworks » pour que la communauté technique les teste en mode alpha. Ensuite, par produit, il y a une recherche spécifique sur son domaine en fonction de besoins bien identifiés définissant ce que l’on va mettre sur le marché. Les ingénieurs vont donc mettre en œuvre toutes les phases d’architecture, de conception puis passer au développement. Nous avons toute une chaîne bien structurée et les phases qui couvrent tout le cycle de vie du logiciel sont mises en œuvre avec développement/test/mise en production/soutien au marché.
Comment voyez-vous le futur de la R&D niveau innovation pour IBM ?
Nous avons tous une mission inventive au sein d’IBM, que l’on soit développeur ou ingénieur. IBM dépose plus de six mille brevets par an, et j’en ai personnellement déposé neuf au cours de ma carrière. Nous devons tous détecter les évolutions du marché. Les deux grosses tendances technologiques actuelles sont principalement le Big Data et le Cloud. L’idée du Big Data, avec toute la masse d’information qui est générée un peu partout, est comment on va l’analyser de façon efficace pour qu’elle soit compréhensible et lisible par des personnes qui ne sont pas des informaticiens.
Pour ce qui est du Cloud, le problème est d’optimiser cette virtualisation pour que ce soit du Cloud interne, du Cloud public ou du Cloud mixte. Cela dans le but d’arriver à une optimisation du coût pour les entreprises. Il y a aussi des choses qui tournent autour de l’optimisation mathématique, sous toutes ces formes. En y regardant bien, on retrouve de plus en plus d’intégration. Ou lorsque l’on regarde les solutions complexes, des informations d’assemblages de logiciels à faire, que ce soit à partir d’un ou de plusieurs fournisseurs. Il y aura de plus en plus de choses pré-intégrées, pour que ce soit du clé en main, sans plus de préoccupation pour les connexions.
Comment gérez-vous la concurrence ?
Nous avons des équipes qui regardent en permanence ce que fait la concurrence, ce n’est pas un mystère. Mais nous sommes aussi dans une situation de « coopétition : c’est-à-dire que l’on coopère sur certains domaines comme la standardisation mais que l’on reste dans une situation compétitive par ailleurs. Nos clients ont les mêmes besoins, il y a donc un intérêt mutuel de coopérer sur les standards tout en étant en compétition.
Pourriez-vous nous en dire plus sur « IBM Rational Jazz Technologie », la plateforme de développement logiciel collaboratif ?
C’est une plateforme logicielle, basée sur des technologies Web et les standards ouverts, qui va permettre de faire du développement collaboratif, de manière distribuée et qui va couvrir tous les besoins de la chaîne de développement, de la capture des exigences jusqu’aux tests des systèmes et de la maintenance. Donc, on couvre tout le cycle de vie logiciel avec une plateforme utilisant les standards du Web pour permettre une intégration dans un environnement hétérogène pour faire du développement global. Ce besoin d’intégration global est particulièrement pertinent lorsqu’on fait du développement dans des multinationales ou comme ça se passe beaucoup en ce moment avec de l’« offshoring » ou les « softwares factories ».
Comment résumeriez-vous l’apport des logiciels aux entreprises ?
Les logiciels sont des moyens pour les entreprises, en support de leur métier. L’évolution se fait de plus en plus vers les solutions logicielles en support d’un métier plutôt que des composants logiciels plus ciblés sur une fonction particulière.
Ces solutions peuvent être très étendues et même intégrer l’entreprise et son environnement au sens large. Dans le domaine du secteur public, un exemple de plateforme logicielle va être par exemple PEPPOL, qui est l’environnement que la communauté européenne met en œuvre pour la dématérialisation des marchés publics. C’est une plateforme commune, de façon à traiter de manière égale tous fournisseurs européens qui voudraient être fournisseurs d’un organisme public, ceci quelle que soit leur taille ou leur localisation.
Pour une entreprise, les solutions logicielles vont l’aider par exemple à mieux comprendre ses clients et augmenter leur satisfaction, mieux gérer ses risques, lui donner plus de réactivité face au marché, avoir une meilleure qualité de produits et permettre une meilleure éducation de ses ressources humaines.
En conclusion, le logiciel est surtout un moyen en support des objectifs de l’entreprise.
Propos recueillis par Sébastien Tribot, journaliste
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