Le BARPI (Bureau d’Analyse des Risques et Pollutions Industriels) est chargé de rassembler et de diffuser les informations et le retour d'expérience en matière d'accidents technologiques. Simon-Pierre Eury, à sa direction, revient sur les raisons d’être de cet organisme et la nécessité croissante d’un dialogue entre industriels et riverains.
Techniques de l’ingénieur : Quel est le rôle et quelles sont les missions du BARPI ?
Le BARPI est un bureau d’administration centrale, intégré au sein de la Direction Générale de la Prévention des Risques du ministère du Développement Durable. Nos bureaux sont situés à Lyon, même si notre champ d’action s’étend à l’ensemble du territoire.
Le BARPI est chargé du recueil de l’accidentologie, des éléments de retour d’expérience, et du recensement des accidents qui surviennent dans l’ensemble des domaines des risques et pollutions industrielles, principalement et historiquement dans le domaine des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) mais également aujourd’hui sur d’autres domaines, à savoir les équipements sous pression, la distribution et utilisation du gaz, le transport de matières dangereuses, les barrages et les digues, et enfin le sous-sol (mines et carrières).
Existe-t-il un traitement spécifique pour les usines classées Seveso et ICPE ?
C’est le cœur de notre activité. Les sites Seveso sont une sous-catégorie des ICPE présentant les plus forts enjeux en matière de risques industriels. Au niveau des dispositions d’autorisation, de la réglementation et du contrôle en termes d’inspection, ils sont ceux sur lesquels l’État concentre le plus de moyens.
Au niveau du BARPI, lorsqu’un accident survient sur un site Seveso, le traitement de l’accident va être fonction de son ampleur et de ses conséquences. Parmi les accidents majeurs recensés dans notre base de données ARIA (Analyse, Recherche et Information sur les Accidents), un certain nombre sont survenus sur des sites Seveso, et notamment dans l’industrie chimique ou l’industrie pétrolière.
Y a-t-il eu des changements spécifiques dans le fonctionnement du BARPI depuis sa création ?
Le BARPI existe depuis 1992. Il est né du constat, vers la fin des années 80, début des années 90, qu’il n’existait pas en France de structure dédiée au recueil des accidents industriels, qui plus est articulée autour d’une démarche transverse. Si l’on voulait connaître par exemple le type d’accidents qui étaient survenus sur tel type d’industries, ceux ayant impliqué du chlore, ou encore les conséquences des accidents impliquant des explosifs, il fallait se procurer individuellement les rapports d’accident. Nulle part n’existait une synthèse de tous ces éléments.
Les années 90 ont donc été consacrées à une montée en puissance du BARPI, conjointement à la création de la base de données ARIA. Cette base n’a pas été tout de suite accessible en ligne, puisqu’à l’époque Internet en était encore à ses balbutiements. La mission essentielle du BARPI consistait alors à répondre aux demandes d’extraction, provenant d’administrations, de bureaux d’études ou d’industriels désireux de connaître le type d’accidents ayant survenu dans des installations similaires à la leur.
Dans une deuxième phase correspondant aux années 2000, une nouvelle volonté a émergé, celle d’améliorer l’accès à ces informations, de les mettre à disposition du public dans une logique de transparence, qui s’est concrètement traduite par la création du site Internet.
L’instauration de la base de données ARIA a permis de créer un réseau d’échanges avec les principaux syndicats professionnels de l’industrie, ainsi que de mettre en place des opérations de sensibilisation des professionnels à travers l’édition de plaquettes notamment. Pour la première fois, un type d’accidents, pas forcément connu ni maitrisé, était mis en lumière et il devenait donc possible de proposer, sur la base du retour d’expérience issu des accidents collectés, des recommandations dans le but de diminuer un type de risques, au moins dans un type d’industrie. Mais nous avons aussi mis au point, à l’époque, des publications plus transverses, à destination du public comme des institutionnels, sur les accidents les plus marquants.
La troisième période, qui a débuté en 2009 et dans laquelle nous sommes encore actuellement, est consacrée à l’extension de nos missions au-delà du domaine historique des installations classées, c’est-à-dire comme je vous le disais tout à l’heure, aux équipements sous pression (ESP), à la distribution et utilisation du gaz, au transport de matières dangereuses (TMD), aux barrages et digues, et enfin au sous-sol (mines et carrières). Cette volonté de diversification de nos domaines d’intervention est d’ailleurs liée à la création du ministère du Développement Durable dont la DGPR (Direction Générale de la Prévention des Risques) fait partie.
Combien d’accidents avez-vous recensé l’année dernière ?
En 2010, nous avons enregistré 1 686 « évènements » accidentels et incidentels. 1 568 sont survenus en France et 914 concernent les installations classées, les ICPE.
Nous répertorions aussi les évènements survenus à l’étranger, mais pas avec le même niveau de détails, ni avec les mêmes sources d’information. Nous intégrons surtout les accidents majeurs, par exemple, ceux qui vont être relayés dans les médias français.
La base ARIA a recensé 40 000 accidents sur les 20 dernières années.
Quelle différence y a-t-il entre un « accident » et un « incident » ?
On parle d’ « accident » à partir du moment où au moins l’un des 4 indices de l’échelle de gravité européenne des accidents est déclaré non-nul. Concrètement, cela peut désigner une quantité significative de matière dangereuse relâchée, des conséquences corporelles (mort, blessé, ou des conséquences significatives pour la population comme l’évacuation de riverains pendant un temps long), des conséquences environnementales ou encore des conséquences économiques.
À l’inverse, les « incidents » recouvrent les évènements dont les conséquences sont minimes : il n’y a pas de blessé, pas d’atteinte à l’environnement, et les conséquences économiques sont négligeables. Généralement, les incidents retenus auraient pu dégénérer très facilement en accidents, si par exemple un facteur aggravant s’était ajouté, ou si une intervention rapide n’avait pas eu lieu. Nous les répertorions donc également dans la base, au titre de leur intérêt en termes de retour d’expérience.
Quels sont les accidents majeurs, leurs origines et leurs conséquences ?
Les incendies représentent un pourcentage très significatif des accidents. 64 % des évènements recensés dans la base ARIA sur les vingt dernières années impliquent des incendies. Et pas seulement des incendies au sens « strict », le départ de feu n’étant pas forcément la cause première de l’accident mais pouvant résulter d’une explosion, ou d’un autre dysfonctionnement. Dans 40 % des cas, il y a rejet de matières dangereuses et dans 7 % des cas, des explosions. [suite page 2]
Propos recueillis par Carole Hamon
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