Agora Energiewende et Sandbag, deux think tank européens, ont publié une nouvelle analyse du secteur électrique européen. Elle dévoile une baisse record de 12 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur en 2019. Cela, grâce à une baisse drastique de la production d'électricité à partir du charbon dans toute la zone.
« L’Europe mène le monde en remplaçant rapidement la production de charbon par l’énergie éolienne et solaire », estime Dave Jones, analyste énergétique chez Sandbag. « En conséquence, les émissions de CO2 du secteur de l’électricité au cours de la dernière année ont chuté plus rapidement que jamais [au moins depuis 1990, ndlr]. »
Le nouveau rapport d’Agora Energiewende et de Sandbag fait le point sur le secteur électrique européen en 2019. L’année dernière, les émissions du CO2 du secteur électrique européen ont baissé de 120 millions de tonnes. Soit une réduction de 12 %. En parallèle, la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité a atteint 34,6 % au niveau européen (+1,8 point).
Une baisse du charbon dans tous les pays
La production d’électricité à partir de charbon et de lignite a diminué dans tous les pays de l’Union Européenne (UE) – Royaume Uni compris –, de 24 % au total. Soit une baisse d’environ 150 térawattheures (TWh). Désormais, le charbon et le lignite représentent 14,6% du mix électrique européen. Côté charbon, 80% de la baisse s’observe en Allemagne, en Espagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Italie. Pour le lignite, presque deux tiers de la baisse s’est déroulée dans deux pays : l’Allemagne et la Pologne. Le rapport attribue cette baisse, dans une large mesure, à l’augmentation du prix des émissions de CO2 à environ 25 euros la tonne. Cela a rendu l’électricité provenant des centrales au charbon les plus émettrices plus chère que celle provenant de centrales au gaz, d’éoliennes ou de panneaux solaires.
L’étude montre par ailleurs que cette électricité a été remplacée pour moitié par de l’éolien et du solaire (+64 TWh) et pour moitié par du gaz (+73,5 TWh). En fin de compte, l’électricité d’origine éolienne a augmenté de 14 %, le solaire de 7 % et le gaz de 12 %. À l’exception de la République tchèque, tous les États membres de l’UE ont vu une part croissante de l’énergie solaire et éolienne dans leur mix électrique. Pour la première année, les centrales éoliennes et solaires ont fourni plus d’électricité que les centrales à charbon dans l’UE, dépassant la production de 100 TWh.
Mettre fin au charbon en Europe
La tendance devrait se poursuivre en 2020 et ensuite. « Vingt et un États membres européens et le Royaume-Uni ont adopté des plans d’élimination du charbon ou n’utilisent plus de centrales électriques au charbon dans leur mix électrique domestique, et deux autres pays sont en train de discuter d’une élimination du charbon », se félicite Matthias Buck, responsable de la politique énergétique européenne à Agora Energiewende. Et Dave Jones de Sandbag appelle les pays restants à l’action. « La Pologne, la République tchèque, la Roumanie et la Bulgarie continuent de dépendre fortement de l’électricité au lignite et n’ont pas encore élaboré de plans d’élimination », rappelle-t-il.
Malgré la bonne dynamique, il faut aller encore plus vite pour atteindre les objectifs. D’ici 2030, près d’un tiers de l’énergie totale dans l’UE devra provenir des énergies renouvelables. Cela nécessite une croissance de 97 TWh par an jusqu’en 2030, note le rapport. Soit 33 TW de plus que celles ajoutées en 2019. Dans ce cadre, il faudrait que le prix des émissions de CO2 reste élevé et que l’UE réduise plus rapidement que prévu le nombre de permis distribués afin que le système d’échange de quotas d’émission de l’UE encourage l’investissement dans les renouvelables.
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