Même si on a souvent tendance à surestimer l’impact du transport aérien sur la pollution de l’air dans son ensemble, le secteur aérien doit, d’ici la fin de la décennie, mettre en place des mesures pour réduire son empreinte carbone et changer les habitudes des usagers. En effet, 10% des utilisateurs du transport aérien émettent 90% des émissions du secteur : l’usage des avions privés, qui fait exploser la quantité de gaz à effet de serre émis par passager sur cet usage précis, est de plus en plus difficile à défendre.
Publiée en 2021, la stratégie environnementale de la Direction des services de la navigation aérienne (DSNA) avance pour le secteur aérien des objectifs ambitieux de réduction des émissions dans leur ensemble pour 2025, dans le but d’accélérer encore la transition énergétique à venir dans l’aérien.
Pour y parvenir, tout un éventail d’objectifs ont été mis en place, et doivent, chacun selon leur potentiel, participer à la décarbonation des transports aériens. Par exemple, les évolutions technologiques et opérationnelles de la navigation aérienne doivent permettre d’économiser environ 6% des GES actuellement émis. On le voit, les biocarburants, l’hydrogène ou encore l’avion électrique ne sont pas les seules options pour sortir le secteur de l’ornière, même si ces trois dernières solutions sont celles présentant le plus gros potentiel, en termes de volumes de GES économisées. Ainsi, au-delà des avions, c’est tout le secteur, notamment au niveau des aéroports, qui va être mobilisé.
Cela dit, l’optimisation des émissions issues des vols commerciaux reste le nerf de la guerre. Surtout si on regarde les prévisions futures concernant l’évolution des usagers de l’aérien : si le COVID a mis un coup d’arrêt brutal au secteur, sa croissance a repris depuis et va se prolonger dans les années à venir.
La DSNA veut agir sur toutes les phases du vol :
- Lors de la phase de décollage : mise en place de procédures concourant à diminuer les émissions, comme par exemple les départs en montée continue, qui s’appuient sur des données satellitaires, et permettent notamment aux avions de réduire les temps de roulage (ce qui économise des GES).
- Pendant la phase de croisière, l’optimisation des trajectoires, et le partage et l’exploitation des données peuvent permettre de réaliser des économies de carburant substantielles, et ceci sur tous les vols réalisés. L’altitude de vol est également un facteur qui, s’il est optimisé, limite les émissions de GES en vol.
- A l’atterrissage, l’utilisation des données satellitaires doit permettre de limiter l’impact des turbulences liées aux sillages.
- Enfin, au sol, l’utilisation de piles à hydrogène pour l’alimentation électrique des appareils doit aussi permettre de limiter l’impact du secteur.
La mise en place de ces mesures va de pair avec les ambitions tricolores pour la fin de la décennie. Au premier rang d’entre elles, la production d’un premier appareil bas carbone, présentant probablement une capacité de transport bien inférieure aux standards actuels.
La réalisation de ces objectifs s’accompagne de subventions importantes de la part de l’État : en décembre 2022, ce sont près de 435 millions d’euros qui ont été injectés dans le secteur aérien, exclusivement destinés à la décarbonation du secteur.
Il sera intéressant de voir dans quelle mesure l’ensemble des mesures citées ci-dessus feront effectivement baisser l’empreinte du secteur aérien dans les années qui viennent. Car 2030 arrive très vite.
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