Ralentissement des ventes de voitures électriques, durcissement d'une norme européenne sur les émissions de CO2, plans sociaux et restructurations, concurrence des voitures à bas coût chinoise... l'année 2025 semble semée d’embûches pour les constructeurs automobiles européens, en pleine transition vers les véhicules à batterie. Explications.
2025, une année charnière pour l’industrie automobile européenne ? Si les immatriculations de voitures neuves sont restées stables l’année dernière, en progression de +0,4 % sur les onze premiers mois de l’année selon les derniers chiffres de l’ACEA (Association des constructeurs européens d’automobiles), les inquiétudes du secteur se portent sur les véhicules électriques. Leurs ventes connaissent en effet un tassement, avec une part de marché qui a régressé pour passer de 14,2 % à 13,4 % en un an. En Allemagne, le premier marché européen, elles se sont même effondrées de plus de 25 % à cause de l’inflation et de l’arrêt des aides publiques à l’achat de voitures à batterie.
Ce ralentissement des ventes de l’électrique a une importance cruciale, face au durcissement de la norme européenne CAFE (Corporate Average Fuel Economy) au 1er janvier. Le seuil moyen autorisé d’émissions de CO2 des véhicules neufs vendus va en effet être abaissé de 15 % et en cas de non-respect, les constructeurs s’exposent à de lourdes amendes. Pour les éviter, la part de l’électrique devrait représenter en moyenne 20 % du mix total des ventes. Or, le manque de dynamisme de cette catégorie de véhicules fait craindre que cet objectif ne soit pas tenu cette année.
Face à cette perspective, certains constructeurs prennent les devants. Ainsi, Stellantis, Ford, Toyota, Mazda et Subaru ont décidé de s’allier pour acheter des crédits carbone à Tesla afin d’éviter de verser des pénalités financières à l’Union européenne. Cette stratégie devrait leur permettre de compenser leurs excédents de CO2 en s’appuyant sur les bonnes performances de ce constructeur dans ce domaine.
Mercedes a également réagi. Le constructeur a sollicité l’un de ses principaux actionnaires, le groupe chinois Geely, pour bénéficier des crédits carbone de Polestar et Smart Automobile, deux marques 100 % électriques et appartenant à ce même groupe. Volvo, une autre filiale de Geely et dont les ventes de voitures à batterie sont importantes (23 % du total en 2024) va également revendre des crédits CO2 à la marque premium allemande.
Des véhicules chinois assemblés en Europe pour éviter les surtaxes de l’UE
Les constructeurs européens redoutent également l’arrivée massive de voitures électriques chinoises à bas coût sur le continent et qui pourrait leur faire perdre des parts de marché. La mise en place par l’UE d’une surtaxe pouvant aller jusqu’à 35 % sur les véhicules à batterie de fabrication chinoise depuis novembre dernier ne les rassure pas complètement. D’autant que les constructeurs chinois ne restent pas les bras croisés et peuvent délocaliser une partie de leur production, voire nouer des partenariats avec des marques européennes. Par exemple, Stellantis a commencé la production d’un premier modèle de véhicules électriques du jeune constructeur chinois Leapmotor dans son usine en Pologne.
Preuve que le secteur automobile en Europe va mal, plusieurs plans sociaux sont annoncés. Volkswagen va pour la première fois de son histoire fermer des usines en Allemagne. Le premier groupe automobile européen justifie cette décision par la baisse des ventes, la concurrence chinoise et un coût de main-d’œuvre trop élevé. À peine lancée, la filière de fabrication de batteries électriques en Europe connaît déjà des difficultés avec notamment Northvolt qui a supprimé un quart de ses effectifs pour éviter la faillite. En France, des équipementiers ont annoncé des restructurations avec des licenciements à la clé. Michelin compte fermer deux usines, tandis que Valeo a l’intention de supprimer près de 1 000 postes sur huit sites français.
Alors que l’industrie automobile européenne est confrontée à une crise de sa transition vers l’électrique, le secteur se restructure en Asie. Les constructeurs japonais Honda et Nissan viennent d’annoncer leur projet de fusion et Mitsubishi pourrait aussi rejoindre cette union. Si ce rapprochement aboutit, ce groupe deviendrait le troisième constructeur automobile mondial, juste derrière Toyota et Volkswagen, mais devant Stellantis et Hyundai-Kia. Il pourrait permettre à ces trois constructeurs de mieux affronter Tesla et les constructeurs chinois de véhicules à batterie. Renault, qui détient plus de 35 % des parts de Nissan et dont le cours de bourse a bondi après cette annonce, semble le gagnant de ce rapprochement, mais la firme au losange pourrait être amenée à revoir sa stratégie d’alliance à moyen et long terme.
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