Au lendemain de la COP21, l'annonce conjointe de l'Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA) et de la NASA viennent confirmer l'urgence d'agir contre le changement climatique. 2015 a été de loin la plus chaude au niveau mondial depuis le début des relevés de températures à la fin du 19e siècle, battant nettement les précédents records.
L’accord conclu à la COP21 vise à contenir l’augmentation de la température moyenne « bien en-deça de 2°C et de s’efforcer de limiter cette augmentation à 1,5°C » par rapport à l’ère pré-industrielle. Mais limiter cette hausse à 1,5°C semble bien impossible. Selon le bilan climatique de la NOAA, 2015 est l’année la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des relevés climatiques en 1880. La température moyenne des surfaces terrestres et océaniques dépasse de 0,9°C la température moyenne enregistrée au 20e siècle, surpassant de 0,16 °C le précédent pic, atteint en 2014. Décembre 2015 a également enregistré la température la plus chaude au niveau mondial depuis 1880, dépassant de 1,11°C la moyenne enregistrée pour les mois de décembre au 20e siècle et de 0,29°C le précédent record datant de… décembre 2014.
Ce début de 21e siècle enregistre des températures records à tous les niveaux. Les années se suivent et déclassent les précédentes. L’année 2015 bat tous les records de chaleur, devant, dans l’ordre, 2014, 2010, 2013, 2005, 2009 et 1998.
« Dix mois ont connu des records de températures pour leurs mois respectifs pendant l’année », précise la NOAA.
Dans le détail, la température moyenne à la surface terrestre en 2015 a dépassé de 1,33°C la moyenne du 20e siècle et la température moyenne à la surface de l’eau a dépassé de 0,74°C la moyenne du 20e siècle. Il s’agit de deux nouveaux records, déclassant les précédents atteints respectivement en 2007 et 2014, de +0,25°C et +0,11°C. Le réchauffement climatique s’accélère : il s’agit du plus grand écart de température pour un record annuel, pa rapport au précédent record.
Presque toutes les régions du monde sont touchées par ces records de chaleur : l’Amérique Centrale, l’Amérique du Sud, l’Europe, ainsi que l’ouest de l’Asie et d’importantes portions de la Sibérie. Le thermomètre s’est aussi réchauffé dans des zones étendues de l’est et du sud de l’Afrique, ainsi que dans le Pacifique, dans l’ouest de l’Atlantique Nord, la plupart de l’Océan Indien et dans certaines parties de l’Océan Arctique.
Moins de neige et moins de précipitations
En 2015, la couverture neigeuse annuelle de l’hémisphère Nord a été de 24,6 millions de kilomètres carrés. Cela constitue la 11e plus faible couverture neigeuse annuelle depuis le début des relevés en 1968 et la plus faible depuis 2008.
L’étendue moyenne annuelle de la glace de mer en Arctique a été de 11 millions de kilomètres carrés, soit la sixième plus petite étendue depuis 37 ans. A l’opposé, l’Antarctique a connu sa troisième plus grande étendue moyenne annuelle de la glace de mer, à 12,74 millions de kilomètres carrés, derrière 2013 et 2014.
Et en France ?
2015 ne bat néanmoins pas tous les records en France. A l’échelle nationale, 2015 n’est « que » la 3e année la plus chaude depuis 1900. Selon le bilan climatique de Météo-France, les températures sont tout de même au-dessus de 1°C de la normale, devancée par 2014 (+ 1.2 °C) et 2011 (+ 1.1 °C). « La pluviométrie a été inférieure à la normale de plus de 15 % et l’ensoleillement supérieur à la normale sur l’ensemble du pays », note Météo-France. Le mois de décembre a néanmoins aussi été le plus chaud enregistré sur la période 1900-2015 et le plus sec sur la période 1959-2015. Au niveau européen, 2015 est la deuxième année la plus chaude depuis le début des mesures.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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