Mariage des technologies de l'information et de la communication avec des objets intelligents, le MtoM (Machine-To-Machine) est aujourd'hui une technologie mâture mais encore peu déployée massivement. Laurent Rapin, responsable BU chez P&T Consulting, livre son bilan 2010 du développement du MtoM et les perspectives qu’il entrevoit pour 2011.
En 2010, les évolutions technologiques ont semblé de mieux en mieux adaptées aux usages et aux contraintes du MtoM, avec une offre technologique diversifiée et des tarifications plus accessibles. Par exemple, les tags RFID deviennent plus disponibles à faibles coûts. De même, les opérateurs intègrent tous aujourd’hui la consommation au kilo-octet et la couverture en roaming à leurs offres MtoM. Pourtant, ces innovations engendrent encore un coût important et peu d’usages ont obtenu un engouement durable du marché, malgré la disponibilité des solutions techniques. En effet, il n’est pas rare de rencontrer des difficultés à trouver les périphériques sans contact adaptés aux besoins d’un utilisateur, qui proposent des modes de communication online et offline. À cela, s’ajoute une véritable résistance au changement. « Généralement les décideurs demandent à voir, et vont notamment hésiter à investir massivement dans le MtoM sans une maîtrise du ROI (Return On Investment ou retour sur investissement) et une garantie d’efficacité sur les périphériques utilisés », commente Laurent Rapin, responsable BU chez P&T Consulting. « De même, la crise financière, comme dans beaucoup d’autres secteurs, a ralenti le déploiement des technologies MtoM en 2010, la rationalisation des coûts ne permettant pas d’investissements dans les nouvelles technologies. »
Dans l’attente d’une offre ciblée par métier
L’avènement du cloud computing et la maturité du SaaS permettent aujourd’hui de pallier cette situation en déportant les investissements sur les fournisseurs. Ainsi, les décideurs n’ont plus besoin d’investir en termes de serveur ou de technologie en interne : il ne leur reste qu’à juger de la pertinence de la solution MtoM adoptée. Mais ils expriment aussi leur volonté de s’adresser à un prestataire unique qui porterait l’ensemble de l’offre. En effet, il y a beaucoup de prestataires impliqués dans les solutions MtoM : les fournisseurs de périphériques, les opérateurs téléphoniques, les techniciens télécoms, les distributeurs… D’après P&T Consulting, seul un opérateur télécom est vraiment capable de proposer des solutions complètes et évolutives économiquement, en raison de leurs différents partenariats avec les prestataires technologiques. Enfin, P&T Consulting souligne que les offres MtoM se doivent de proposer des solutions au plus près des exigences requises par les utilisateurs finaux, c’est-à-dire ne plus avoir une offre de MtoM globale, mais bien une offre ciblée par métier qu’il s’agisse du BTP, de services à la personne, de services d’hygiène…
Le marché du MtoM arrive seulement à maturité
Selon les chiffres de l’IDATE (anciennement Institut de l’Audiovisuel et des Télécommunications en Europe), le marché mondial du M2M s’élevait à 11,2 milliards d’euros en 2009 et devrait atteindre 27,7 milliards en 2013. De plus, le marché de la connectivité représente pour les opérateurs mobiles un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards d’euros. Avec un rythme de croissance de 20 % par an, ce marché devrait atteindre 4,3 milliards en 2013. Le marché du MtoM représente donc un potentiel énorme pour les années à venir.
Au-delà de l’effort de standardisation et de rationalisation des échanges de données, l’une des priorités de 2011 est de définir un modèle économique permettant la mise en place dans l’entreprise de solutions MtoM à petite échelle, avant un déploiement massif à grande échelle. Ceci permettrait de tester et d’éprouver le système en interne, afin de déterminer les besoins professionnels, le ROI et les répercussions sociales à l’usage avant un déploiement plus général. « Plus globalement, il faudrait déterminer les avantages et les inconvénients de cette technologie en déployant des solutions MtoM sur une liste ciblée de personnes, sur des secteurs déterminés, avant de pouvoir attaquer un marché plus large », estime Laurent Rapin. Si le cloud computing et le SaaS répondent assez bien à cette nécessité, c’est encore le modèle économique des opérateurs, avec abonnement, facturation à l’usage, et dégressivité en fonction du volume, qui apparaît comme le plus pertinent, alors que le marché du MtoM arrive seulement à maturité.
Une des valeurs ajoutées du MtoM reste les aspects liés à la traçabilité et donc au reporting en temps réel, qui génère des gains en réactivité et en productivité dans tous les secteurs. « Que ce soit dans le transport de personne comme dans le suivi de colis ou la géolocalisation des machines, toutes ces données en temps réel apportent une vraie valeur ajoutée au service et à l’activité en soi », commente Laurent Rapin.
Un projet de loi pour doper le MtoM
« L’un des défis de 2011 est d’avoir accès économiquement à une vraie panoplie d’équipements et de techniques de transport de l’information répondant à toutes les situations et permettant de couvrir 99,9 % des besoins des entreprise en MtoM : Ethernet, badgeuse GPRS, téléphone NFC, cartes sans contact, RFID, WiFi et collecte d’informations online et offline. C’est par la baisse du coût des équipements, et par le volume, que l’envol du marché M2M aura lieu. En s’intégrant à des modèles opérateurs, les subventions apportées permettraient également de réduire encore ce coût » souligne Laurent Rapin.
Le marché du MtoM apparait comme une aubaine pour les opérateurs télécoms. En effet, le revenu par nombre de carte SIM est bien moindre que pour l’usage des particuliers, mais en revanche, le taux de rotation est presque nul, car les clients ne changent pas aussi facilement de téléphone ou d’opérateur lorsqu’une centaine ou plus de cartes SIM avec service MtoM a été déployée. « Il faut être le premier opérateur télécom à se positionner sur ce marché prometteur du MtoM », suggère Laurent Rapin. « Je soulignerais enfin un point spécifique à la France : un projet de loi qui devrait influencer fortement le marché du MtoM. Cette loi vise la traçabilité des interventions dans le secteur du service à la personne. Si ce projet est adopté en 2011 comme prévu, les structures de services à la personne seront obligées de s’adapter très rapidement. Elles vont donc devoir anticiper cela courant 2011 », conclut-il.
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