Trois institutions lancent l’initiative Clean Oceans. Dotée de deux milliards d’euros, elle aidera à mobiliser les investissements du secteur privé pour réduire la pollution des océans au cours des cinq prochaines années.
La Banque européenne d’investissement (BEI), l’agence française de développement (AFD) et le groupe KfW mutualisent leurs savoir-faire pour lutter contre la pollution plastique. Avec ses 2 milliards d’euros, l’initiative Clean Oceans financera en priorité des projets améliorant la collecte et le recyclage des déchets, leur gestion dans les ports et des installations de traitement des eaux usées. Cette annonce a été faite en marge des assemblées annuelles du groupe FMI/Banque mondiale, qui se sont tenues à Bali en Indonésie du 12 au 13 octobre 2018.
Priorité aux zones les plus polluées
Selon une étude allemande de référence parue en 2017, entre 88 % et 95 % des déchets plastiques pénètrent dans l’océan via dix grands fleuves. Huit sont situés en Asie et deux en Afrique : le Nil et le Niger. Dans les pays émergents ou en développement de ces continents, la collecte et le traitement des déchets fait souvent défaut. Les eaux usées ne sont pas mieux traitées, puisque la majorité ne subit aucun traitement. D’après l’ONU-Environnement, c’est le cas pour 80 % des eaux usées mondiales.
Les institutions sont parties de ces informations pour décider de mettre l’accent en priorité sur les zones où la pollution est la plus importante. Elles concentreront ainsi leurs financements vers l’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient. Les financements seront accordés à des entreprises privées de toutes tailles, y compris les micro-entreprises, mais aussi à des projets de recherche ou d’innovation.
Se regrouper pour financer des projets concrets
« La BEI, la KfW et l’AFD ont un rôle essentiel à jouer : notre implication peut apporter une contribution fondamentale à la canalisation des fonds et à la mobilisation des investissements du secteur privé qui développeront des solutions innovantes pour nettoyer les océans pour les générations futures », estime Werner Hoyer, président de la BEI. « Les activités financées dans le cadre de cette initiative de 2 milliards d’euros sont menées en collaboration avec des acteurs sur le terrain : autorités locales, secteur privé, organisations de la société civile et gouvernements », complète Rémy Rioux, directeur général de l’AFD.
Plus de trois milliards de personnes dépendent de la biodiversité marine et côtière pour vivre. La valeur marchande des ressources et des industries marines et côtières est évaluée à 2 600 milliards d’euros par an, soit environ 5 % du PIB mondial. Entre 4 et 12 millions de tonnes de plastiques rejoignent chaque année les océans. Elles menacent l’équilibre et la croissance de ces activités.
Cette initiative est très bien accueillie par les acteurs luttant contre la pollution plastique. Toutefois, ne pensons pas que le combat est gagné grâce à cette annonce. Pour résoudre cette problématique, il faudra trouver de nombreux fonds supplémentaires. Rien qu’en France, le coût de la modernisation des centres de tri d’ici 2022 est estimée à près d’un milliard d’euros par l’Ademe. Cette modernisation vise notamment à mieux recycler les plastiques des ménages et éviter ainsi qu’ils se retrouvent dans l’environnement, en décharge ou en incinérateur.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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