Il serait possible de couvrir entièrement la demande française de gaz naturel de réseau par des alternatives renouvelables d’ici 2050. C’est le principal enseignement de cette étude prospective. À cet horizon, les gains d’efficacité énergétique et la baisse de la demande énergétique devraient amener la demande en gaz de réseau entre 276 et 361 térawattheures (TWh), contre 460 TWh aujourd’hui.
Le potentiel théorique de ressources renouvelables permettrait de produire jusqu’à 460 TWh de gaz renouvelable injectable. Et cela, sans entrer en concurrence avec les usages alimentaires, pas plus qu’avec les usages « matières premières », notamment l’industrie du bois et les biomatériaux. 30 % de ce gaz pourrait être obtenu par méthanisation de déchets agricoles, de biodéchets et de résidus d’algues. Par ailleurs, 30 % de gaz renouvelable pourrait provenir du power-to-gas si le mix électrique est 100 % renouvelable. Enfin, la majorité proviendrait de la pyrogazéification – un processus thermochimique – du bois et de ses dérivés, des combustibles solides de récupération (CSR) et d’une faible fraction de résidus agricoles.
Entre 75 % et 100 % de gaz renouvelable
Dans les quatre scénarii étudiés, il est donc possible d’amener la production de gaz renouvelable entre 276 et 361 TWh en 2050. Simplement, l’un des scénarios prévoit un développement plus faible du power-to-gas en raison de ses coûts élevés. Il ne projette donc que 75 % de gaz renouvelable en milieu de siècle.
Les organismes ont fait une évaluation du coût total du mégawattheure (MWh) 100% renouvelable consommé. Il se situerait entre 116 et 153 euros. Ces coûts comprennent ceux de production, de stockage, d’utilisation et d’adaptation des réseaux gaziers. En 2050, le rapport estime le prix du gaz naturel à 42 €/MWh. Une taxe carbone à 200 € la tonne de CO2 rehausserait ce prix de 44 €/MWh soit un prix total de 86 €/MWh. À l’opposé, passer à 100 % de gaz renouvelable permettrait d’éviter l’émission d’environ 63 millions de tonnes de CO2 par an.
Des scénarii prospectifs qui invitent à l’action
Les organismes rappellent l’importance d’assurer la complémentarité du réseau gazier avec le réseau électrique dans le cadre de la transition énergétique. Notamment, le power-to-gas permettra de stocker sous forme de gaz les excédents de production d’électricité renouvelable. Il pourra être utilisé dans le réseau gazier ou dans des centrales thermiques en période de pointe de consommation.
« Pour que ces potentiels soient accessibles en 2050, il sera nécessaire de lever les freins à la méthanisation agricole, de généraliser les cultures intermédiaires (cultures temporaires qui protègent les sols entre deux cultures de vente), de mobiliser davantage de ressources agricoles et forestières et de favoriser l’émergence de technologies à fort potentiel mais peu matures (pyrogazéification, gazéification des algues etc.) », prévient l’ADEME.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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